La Pharmacie Hantée de Saint Georges du Vièvre

Des phénomènes non remboursés par la Sécurité Sociale

L’affaire débuta en décembre 1929. Des évènements surnaturels se déchaînèrent dans la pharmacie Gourlin de Saint-Georges-du-Vièvre. Inexplicablement, des bocaux se déplaçaient sans raison dans l’officine, alors que d’autres se mettaient à léviter avant de se briser à terre avec perte et fracas.
Un mortier de plus de vingt kilos se déplaça parmi ces mêmes bocaux. Mu par une force inexplicable, un escabeau utilisé pour bloquer l’ouverture de la porte d’un placard se retrouva à l’autre extrémité de la pièce. Un autre jour, c’est au tour d’une chaise de se retrouver propulsée à deux mètres du sol. On pouvait penser que ces phénomènes s’arrêteraient d’eux-mêmes. Ce ne fut pas le cas. Les phénomènes ne faiblirent pas et la sarabande surnaturelle continua de plus belle. Animé d’une vie propre, un bocal contenant 2 kilos de naphtaline contourna un meuble et vint se fracasser à 3 mètres de son point normal de chute. Pour éviter que la pharmacie ne soit mise à sac par cette « entité » invisible, M. Gourlin enferma certains bocaux dans une caisse, sous un sac de cinq kilos. Peine perdue, car le sac se souleva de lui-même pour laisser passer un bocal !

Au matin du mardi 7 janvier 1930, on avait recensé 36 manifestations paranormales. Le pharmacien fit appel au curé qui plaça des médailles de Saint-Benoît sur les étagères. Cela ne fut d’aucune utilité puisque la danse des bocaux continua sans interruption (*). La gendarmerie enquêta mais aucune explication rationnelle ne put être trouvée.
L’étrange cas d’Andrée Fontaine


La seule piste qui pouvait éclairer ce mystère était la présence de la jeune bonne de 17 ans : Andrée Fontaine. Effectivement, les phénomènes se produisaient toujours quand elle se trouvait à proximité de la pièce « hantée ». Quand celle-ci s’absentait de l’échoppe, plus rien ne se produisait. On pouvait alors penser à une fraude. Mais ce ne fut pas le cas ! Malgré une surveillance constante des agissements d’Andrée Fontaine, les phénomènes se produisaient sans intervention directe de sa part. Las de ces étrangetés, on renvoya la bonne et les phénomènes cessèrent. Mais apparemment, l’affaire ne s’arrêta pas là. Quelques années plus tard, le nouveau propriétaire de la pharmacie, M. Sarrazin, fut victime d’un accident. Suite à la chute anormale d’une bonbonne d’éther, il fut grièvement brûlé. Les gens du village racontèrent que les mauvais esprits hantaient encore les lieux…

Une affaire de sorcellerie ?

Que reste-t-il de cette affaire aujourd’hui ? Est-elle encore dans tous les esprits ? Avec Nadia, je tente d’en savoir plus.

Mme T. [NDR : qui souhaite garder l’anonymat], résidant à Saint-Georges-du-Vièvre, nous confie qu’à l’époque, les clients de la pharmacie laissaient leurs sabots crottés, à l’extérieur, sur le seuil de la pharmacie. À leur sortie, les sabots avaient disparu. Elle nous confirme aussi la fameuse valse des bocaux. Selon elle, la sorcellerie ne serait pas étrangère à l’affaire.
Nous poussons la porte de l’office du tourisme. L’employée du lieu nous confirme, elle-aussi, les évènements troublants survenus dans cette pharmacie. Elle ajoute que sa grand-mère fut témoin de ces faits étranges. En plus de ces fameux bocaux « vivants », celle-ci a vu les volets qui se mettaient à claquer inexplicablement.
Mais qu’en pense l’actuelle propriétaire de la pharmacie ? Elle a acheté la pharmacie en 1990 sans avoir eu connaissances des manifestations surnaturelles qui s’y déroulèrent et fut mise au courant par les habitants et les médias. Suite à cela, elle lut les rapports de la gendarmerie qui lui confirmèrent les faits. D’après ses découvertes, une affaire de sorcellerie était derrière tout ça. Au moment des faits, une femme qui en voulait à la jeune bonne lui aurait jeté un sort et Andrée Fontaine aurait été la victime bien innocente de ces phénomènes bizarres.
Pourquoi cette femme lui en voulait-elle ? Impossible de le savoir pour l’instant. La pharmacienne ajoute que même si elle avait eu connaissance des faits avant l’achat de la boutique, cela n’aurait rien changé. « Je n’ai pas peur, car j’ai la foi » précise-t-elle.

La mystérieuse vieille dame n’a pas livré tous ses secrets…

Nous retrouvons l’arrière-petit-fils du pharmacien de l’époque qui n’est autre que l’actuel maire du village, M. Etienne Leroux. Il nous confirme les faits déjà cités. De plus, il en rapporte d’autres qu’il a obtenus dans un rapport familial écrit par M. Gourlin lui-même. Entre autres, les balances de précision qui se trouvaient sous globe de verre se mettaient à bouger, muées comme par une force inconnue. Encore une fois, il semble que les prémices de cette affaire soient liées à une affaire de jalousie. Une femme qui aurait voulu obtenir le poste à la boutique aurait menacé et jeté un sort à la jeune employée de la pharmacie. Ce qui aurait eu comme effet de provoquer ce que l’on sait. Étant homme de science et pour avoir vécu ces évènements, l’arrière-grand-père de M. Leroux aurait été très impressionné par cette affaire…
Après ces témoignages, nous retrouvons la trace d’une certaine Andrée Fontaine vivant à quelques kilomètres du village ! Est-il possible qu’elle soit toujours en vie ?! Car selon mes calculs, elle devrait être âgée de 93 ans. Après vérification, c’est le frère de la jeune fille de l’époque qui se prénomme André Fontaine. L’identité de la jeune fille impliquée dans cette affaire a toujours été fausse quels que soient les écrits qui portent sur ce sujet. L’intéressée s’appelait en réalité Henriette et non Andrée. Quoi qu’il en soit, André (sans « e » !) paraît inquiet et ne veut plus parler de l’affaire. Nous apprenons aussi qu’Henriette Fontaine (sa sœur !) est toujours vivante et coule des jours tranquilles dans une maison de retraite de la région d’Elbeuf. L’enquête s’arrête là. Impossible d’aller plus loin… Paix aux hommes et aux femmes de bonne volonté !

Poltergeist !

D’après mon analyse et mes conclusions personnelles, il ne s’agit pas ici d’une affaire de sorcellerie et encore moins d’une affaire de fantômes. Personnellement, je pencherais plutôt pour la thèse du poltergeist. Contrairement aux idées reçues, les poltergeists n’ont rien à voir avec les fantômes. Il faut savoir que le poltergeist est causé par une personne présente sur les lieux de la manifestation. Cette personne est appelée « agent humain ». Bien souvent, il s’agit d’une adolescente introvertie et émotionnellement fragile ou qui refoule ses émotions. Selon la théorie la plus courante, cette jeune fille manipulerait inconsciemment les objets autour d’elle par psychokinèse (PK). Elle ignore donc qu’elle est la source des manifestations. Pour rappel, la psychokinèse est le pouvoir de l’esprit sur la matière. C’est-à-dire la faculté d’agir sur l’environnement physique grâce au mental. Ce type d’énergie kinétique reste inexpliqué aujourd’hui, mais quelques scientifiques sérieux commencent à caresser l’idée qu’elle puisse exister.


La nuit est tombée sur Saint-Georges-du-Vièvre et il est temps de partir. Nous n’en saurons pas plus sur l’étrange cas de la pharmacie « hantée » même si c’est déjà beaucoup ! Cependant, une chose est sûre. À l’époque, cette affaire a mis la région en émoi. Soixante-quinze ans après, elle continue d’alimenter les conversations et fait toujours couler beaucoup d’encre… dont la mienne ! Brrr…

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